Enlisé dans sa recherche de nouvelles recettes pour boucler le budget 2024, le Ministre démissionnaire de l’économie, entend taxer « temporairement » le chiffre d'affaires des producteurs d’électricité. L'impôt serait calculé en fonction de la puissance électrique installée, avec un effet de seuil minimal pour éviter de pénaliser les « petits producteurs » ! Un impôt sur mesure pour EDF ! Dans une tendance à la baisse des prix de marché, l’Etat viendrait ainsi ponctionner près de 3 Mds d’Euros le seul opérateur public, tout en exigeant d’investir massivement dans les réseaux, les moyens de flexibilité, les futurs EPR2, de répondre aux attentes des industriels et à celles légitimes des usagers par des tarifs abordables. A quand une politique énergétique basée sur l’intérêt général de long terme et une planification du secteur ?
RESULTATS FINANCIERS
Les résultats du premier semestre 2024 apparaissent positifs mais demeurent fragiles. Décryptage : Après le rebond de 2023 qui suivait les années difficiles covid, corrosion sous contraintes, crise des prix du gaz et toujours la spoliation par l’ARENH, les résultats sont portés par une production aux attendus : le fruit du travail des salariés. Les prix sur les marchés de l’électricité baissent, corolaire d’une moindre demande de consommation (sobriété choisie et/ou subie, désindustrialisation), d’une production d’électricité notamment intermittente subventionnées en hausse. EDF, premier acteur de la transition énergétique, a en parallèle des besoins en investissements qui vont croissants et l’équilibre économique pourrait être délicat à trouver dès le second semestre. Administrateurs salariés CGT nous avons souligné les risques d’arbitrages financiers qui oblitéreraient notre capacité à faire. Effectuer des coupes budgétaires sur la maintenance des moyens de production ou de réseaux pourrait dégrader nos résultats futurs par de plus fréquents aléas. Sans compter l’impact sur les conditions de travail. Les rémunérations et effectifs ne doivent pas être la variable d’ajustement ! Enfin, l’effort de modulation (et donc d’effacement) consenti par EDF pour équilibrer le réseau pèse sur l’équation économique. Ce coût système n’est pas rémunéré pour EDF et la flexibilité de la production va atteindre ses limites physiques, sans apport de moyens de flexibilité supplémentaires. Pour optimiser le secteur, nous mettons en débat une solution simple : un monopole public de la production d’électricité qu’elle soit thermique, nucléaire ou renouvelable associée à une planification nationale cohérente économiquement, physiquement et en faible empreinte carbone.
LA FLAMME OLYMPIQUE
L’expertise de la R&D a été pleinement mobilisée pour innover et créer la flamme olympique de Paris 2024, une première dans l’histoire des Jeux. Ce symbole puissant incarne un futur plus respectueux de l’environnement, axé sur l’électricité bas carbone, et un levier d’attractivité pour de futurs recrus, entreprise historique ET d’avenir. Le groupe possède grâce à ses salariés et chercheurs de précieuses compétences. Cette richesse est utile aujourd’hui pour construire le monde de demain qui devra être plus respectueux de l’environnement et plus juste socialement.
CSRD
Depuis janvier 2024, la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) est en vigueur. Son objectif est de standardiser et d’améliorer la divulgation des informations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) par les entreprises. Elle exige une analyse extra-financière qui se concentre sur trois aspects : l’environnement (atténuation et adaptation au changement climatique, biodiversité, utilisation des ressources…), le social (égalité des chances, conditions de travail, respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales…) et la gouvernance (rôles des organes d’administration, lobbying, gestion des relations avec les partenaires commerciaux…). Elle permet d’identifier les risques, les impacts positifs et négatifs dans ces domaines. Les différentes unités du groupe devront s’adapter à cette nouvelle charge de travail sans surcharger les équipes concernées. Administrateurs salariés parrainés par la CGT nous accordons de l’importance à ces facteurs ESG, par des actions concrètes et pas seulement en tant qu’indicateurs ! Le risque est de créer une usine à gaz de gestion des indicateurs qui ne serviraient qu’à remplir des tableaux sans changer la réalité sociale, environnementale etc. Ces indicateurs devront apporter une valeur ajoutée en aiguillant les actions concrètes dans l’amélioration des domaines ESG.
EPR 2, Basic design approuvé
EDF développe la technologie EPR2. L’étape de la maturité du basic design est atteinte (phase initiale de conception d’un réacteur incluant la définition des principales caractéristiques). L’étape de « detailed design » qui consiste à développer en détail tous les aspects techniques et les spécifications du réacteur dans son environnement a commencé. 3 sites ont été sélectionnés pour y construire une paire d’EPR2 : Penly, Gravelines et Bugey. Mais la décision finale d’investissement n’est toujours pas prise, le gouvernement répondant aux abonnés absents. Les enjeux du groupe comme de notre secteur sont incompatibles avec les échéances électorales de court terme. Engager et réussir les futurs chantiers nécessaires pour l’avenir énergétique de la France, nécessitent des décisions politiques courageuses, qui ne se concrétiseront que dans plusieurs décennies.
Corse : future centrale du Ricanto : après de longues années d’attente, le projet Ricanto va substituer la centrale électrique du Vazzio par une nouvelle installation fonctionnant à la biomasse liquide. Ce projet thermique va réduire l’empreinte carbone insulaire de Corse tout en maintenant les emplois. L’équilibre du réseau en Corse est parfois critique, la demande en électricité notamment pendant les mois d’été reste un défi à relever. La progression des énergies renouvelables intermittentes devra s’accompagner de moyens de stockage suffisants. Cession de la filiale EDISON stoccaggio à Snam (société nationale italienne du stockage gaz). Cette vente se justifiant car le métier du stockage de gaz ne s’inscrit plus dans la stratégie du groupe. Nous avons porté les préoccupations des employés concernés sur leurs conditions sociales. République Tchèque :Le gouvernement Tchèque a choisi les Coréens de KHNP pour construire ses prochains réacteurs. EDF était en liste avec un EPR 1200 MWh mais n’a pas été retenue. Alors que l’Europe déplore la disparition de la production de panneaux solaires (essentiellement construits en Chine), qu’elle constate l’étiolement de son industrie éolienne face aux fournisseurs hors UE, nous continuons par l’industrie nucléaire en ne favorisant pas les acteurs Européens et tout cela « grâce » à des financements publics européens ! Sur cet appel d’offre comme sur les prochains en Europe, il faudrait que les fonds publics européens soient utilisés pour soutenir les emplois en Europe. EDF pourrait ainsi jouer pleinement son rôle, en collaboration avec les entreprises françaises du groupe et la chaîne de valeur de la filière qui pour EDF est très européenne. Nuward :Le groupe a décidé de réorienter le projet initial de SMR (petit réacteur modulaire). Les innovations techniques ne pouvant aboutir dans les délais impartis et les premiers « clients » de SMR préférant des technologies éprouvées. Le groupe se laisse quelques mois pour savoir quelle stratégie adopter : nouveau concept, partenariat, … La place des SMR devra être mesurée par rapport aux besoins des réseaux électriques ou ceux de chaleur décarbonée. Ils devront aussi être un atout pour la filière en intégrant les exigences sociétales liées aux installations nucléaires civiles.
Que ce soit pour les études de EPR 1200 ou Nuward, nous devons être exemplaires sur les potentielles mobilités que devraient subir certains salariés, la fidélisation et la visibilité des parcours professionnels qui doivent être un gage pour l’attractivité de nouveaux salariés partout dans le groupe.