En ce 78 ème anniversaire de la promulgation de la loi de Nationalisation qui donna naissance à EDF/GDF, quelques dates et repères:
8 avril 1946 : promulgation de la Loi de Nationalisation, la naissance d'EDF-GDF, un tour de force !
Le 29 mars 1946 à 3 h 40 du matin, le texte de la loi est voté.
Marcel Paul dira : « Je me suis accroché au projet comme un chien qui n’a pas mangé depuis dix jours s’accroche à son os. »
De l’orage dans l’air dès le début du XIXe siècle !
12 grands groupes financiers et industriels privés vont, jusqu’en 1944, dominer les secteurs du gaz et de l’électricité. Au total, il existe près de 1300 sociétés, dont 400 cotées en Bourse ; nombre d’entre elles sont mixtes, électricité et gaz.
La CGT de l’énergie revendique, dès son congrès de juin 1937, dans un même mouvement la nationalisation de la production, du transport et de la distribution du gaz et de l’électricité, ainsi qu’un statut national pour tout le personnel.
Marcel Paul, Secrétaire Général de la Fédération portera avec ténacité et pugnacité cette double exigence. Dans le même temps, un syndicalisme spécifique aux cadres et confédéré est mis en place. Il s’avérera très utile dans la bataille pour la nationalisation et sa mise en œuvre.
Dès 1938, face à l’incurie des monopoles de l’électricité, la CGT participe aux discussions gouvernementales pour l’équipement hydroélectrique du pays.
Le programme du Conseil National de la Résistance du 15 mars 1944 porte cette exigence du « retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, des sources d’énergie… ».
La bataille parlementaire de la Nationalisation commence alors. La CGT s’arc-boute sur le programme du CNR et porte cette exigence au sein de l’Assemblée consultative provisoire à partir de novembre 1944.
Communistes et socialistes se mettent d’accord sur une liste de secteurs à nationaliser. L’accord précise que, « dans le secteur industriel, la nationalisation de l’électricité s’impose en première urgence ». Pour la première fois, le 4 mars 1945, le général de Gaulle parle de nationalisation, dont celle de l’électricité.
Le 26 mars, le CNR adopte son projet de nationalisation de l’électricité et du gaz. Un pas important est franchi. La CGT et le Parti communiste soutiennent celui-ci alors que des contre-projets et manœuvres des syndicats et du patronat de l’énergie se multiplient .
21 octobre 1945, tout s’accélère avec l’élection de l’Assemblée nationale constituante : la gauche est largement majoritaire (communistes 26 %, socialistes 24 %, radicaux 6 %).
Marcel Paul devient le ministre communiste de la Production industrielle du gouvernement. Il veut aller vite et reprend le texte élaboré par le CNR.
Mais des divergences persistent et Marcel Paul cherche le meilleur compromis pour préserver l’essentiel : la nationalisation complète. Le 18 janvier 1946, le général de Gaulle, deux jours avant de démissionner, signe le projet de loi, qui peut ainsi être débattu.
Le 29 mars à 3 h 40 du matin, au bout de plusieurs jours de rudes débats à l’Assemblée nationale, le texte est voté. Marcel Paul dira : « Je me suis accroché au projet comme un chien qui n’a pas mangé depuis dix jours s’accroche à son os. »
L’idée du bien commun a cheminé. L’électricité et le gaz ne peuvent être des marchandises soumises à la loi du marché. La nationalisation, avec des entreprises intégrées, est une réussite industrielle, économique, technique et sociale.
Le statut national du personnel, autre pilier, unifie tous les personnels en conférant des droits à chacun.e, en permettant d’intervenir dans la gestion.
Indissociable, l’investissement industriel et social sera à consolider au fil des luttes intergénérationnelles des électriciens et gaziers.
Ce sera chose faite, le 8 avril 1946 avec la naissance d'EDF-GDF. Il aurait alors déclaré : « Quelle belle France nous allons faire ! ».